Le chauffage au bois n'est absolument pas écologique

Publié le par Notre Terre

Les besoins croissants en combustibles et en matériaux entraînent des coupes trop rapides dans les forêts, alertent les scientifiques. Le reboisement ne peut pas suivre.

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Les propriétaires de poêle à granulés peuvent souffler : grâce un effort des producteurs, les petits cylindres qui leur servent de combustibles ne devraient pas être en rupture de stock cet hiver. Mais, de leur côté, les scientifiques s'alarment. Car le développement effréné de la filière bois n'est pas vraiment bon pour le climat.  

Les poêles eux-mêmes ne sont pas en cause. Ils permettent aux Français de faire des économies. Par ailleurs, ils rejettent moins de CO2 et de particules fines que les feux de cheminée. Mais, depuis quelques années, nos besoins en bûches, planches, troncs ou granulés progressent rapidement. Le bois sert ainsi à construire des bâtiments, à fabriquer des palettes pour le transport... Il alimente aussi des centrales à biomasse servant à produire de l'électricité. "Toutes ces filières sont en compétition pour la même ressource. Nous sommes dans une situation délicate. Dans le futur, notre bilan carbone pourrait vite se détériorer si on ne fait pas les bons choix", craint Thomas Lauvaux, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE-IPSL).  

Depuis 2019, l'EASAC (European Academies' Science Advisory Council), un groupement formé par les académies nationales des sciences des Etats membres de l'Union européenne, tire la sonnette d'alarme. "L'industrie du bois reçoit de multiples subventions car ce matériau est considéré comme une ressource renouvelable. Résultat, le marché des granulés déplace chaque année des millions de tonnes de combustible sur plusieurs milliers de kilomètres. Dans les forêts, la progression des coupes est trop rapide par rapport au reboisement. De fait, nous aggravons à court terme notre bilan carbone à un moment crucial", dénonce Michael Norton, directeur du programme environnemental de l'organisation. 

Publié dans Nature

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Landes: des hectares de forêt rasés pour faire place à des panneaux photovoltaïques

Publié le par Notre Terre

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C'est un phénomène qui interroge dans les Landes. Pour installer des panneaux solaires, écologiques, on détruit la forêt. Car le département investit massivement dans le solaire. On assiste ainsi à une déforestation, toute à fait légale mais qui révulse associations et riverains.

À Rion-des-Landes, à 30 kilomètres de Dax, la maison de Philippe est désormais entourée de panneaux photovoltaïques à perte de vue: "Avant il y avait la forêt tout autour de la maison. En deux semaines, ils ont tout bouffé. On ne voit même pas la façade, on voit le cul des panneaux".

À quelques dizaines de mètres de sa maison où il vit en famille depuis 33 ans, 70 hectares de panneaux ont été installés en deux mois, sans qu'on leur demande leur avis: "Si il y a 33 ans il y avait déjà les panneaux, on ne serait surement pas venus ici. On nous a dit que si ça nous plaisait pas, on avait qu'à aller voir ailleurs". Et quand on lui demande s'il a reçu une compensation, il préfère en rire: "Qu'ils me paient au moins l'électricité avec tout ce qu'ils produisent".

En janvier dernier, des inondations ont eu lieu dans cette zone et selon Françoise Géraud, présidente de l’association Rion-Environnement, c'est la déforestation qui en est la cause:

"Aucun arbre n'est là par hasard. Depuis toujours il y a eu des pins dans les Landes et c'était des petites forêts de régénération naturelle, puisant dans les sols l'eau en surplus", assure-t-elle à RMC.

Face à ces accusations la mairie à un argument massue. Ce site permet de fournir en électricité 8400 foyers en France.
0,16% de la forêt déracinée

Et ce n'est pas le seul projet en cours dans les Landes. Le département en 10 ans, est devenu le second producteur d’énergie solaire en France après la Gironde, voisine. Et cela se fait en majorité sur des forêts, reconnaît la préfecture. L’équivalent de 1200 terrains de foot auraient déjà été arrachés dans les forêts et plus d'une dizaine de nouveaux projets sont en cours actuellement.

Entre Dax et Mont-de-Marsan, des grands champs de panneaux solaires scintillent au milieu des forêts. C’est une aberration pour Jean Dupouy, le président de la SEPANSO, une association de protection de la nature des Landes:

"Ils sont en train de couper les arbres pour pouvoir poser des panneaux. Il en arrive de partout, ils sollicitent communes et propriétaires, ça rapporte des sommes énormes. On devrait respecter la nature, elle nous a toujours accompagnés".

Pour lutter, son association conteste les autorisations de construction, plaidant pour l'installation de ces parcs de panneaux solaires dans d'autres zones.

Mais pour la préfecture, il n'y a aucun risque sur l'environnement. Ces projets ont déraciné seulement 0,16% de la forêt landaise. Et en plus, pour chaque arbre arraché, 2 arbres doivent être replantés. Mais le phénomène ne va pas s’arrêter tout de suite. Car se doter de panneaux solaires, est très alléchant pour les petites communes. À Rion-des-Landes, la mairie reçoit 160.000 euros par an, grâce aux panneaux, la cantine est devenu gratuite pour les enfants! Et le département pousse à installer encore plus de panneaux avec comme objectif, 100% énergie renouvelable en 2033.

Lueur d'espoir pour les écologistes, la récente prise de conscience du département qui a annoncé vendredi vouloir mieux encadrer ce phénomène, mais aucune sanction n'est pour l'instant prévue.

 

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