Fonte du permafrost: une bombe à retardement pour le réchauffement

Publié le par Gerome

L'Arctique pourrait contribuer fortement au changement climatique avec la fonte de ces terres gelées...


La fonte accélérée des sous-sols arctiques gelés, le «permafrost», va encore accentuer l'effet du réchauffement climatique dans des proportions d'autant plus inquiétantes qu'elles sont largement sous-estimées par les modèles climatiques actuels, avertit une étude publiée mercredi. Avec la hausse rapide des températures dans les régions arctiques, le permafrost, qui reste habituellement gelé tout au long de l'année, est en train de fondre. Aussi appelé «pergélisol», il représente près de 19 millions de km2, soit environ un cinquième des terres émergées de l'Hémisphère nord.

 

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Du carbone enfoui qui remonte à la surface


Ce permafrost constitue une gigantesque réserve de carbone organique, les restes des plantes et des animaux qui se sont accumulées dans le sol au fil des millénaires. Ce stock de carbone est neutralisé par le gel dans le sous-sol, mais avec la fonte du permafrost, les organismes microbiens commencent à le décomposer et à en libérer une partie dans l'atmosphère. Au total, les terres arctiques renfermeraient quelque 1.700 milliards de tonnes de carbone. C'est «environ quatre fois plus que tout le carbone émis par les activités humaines au cours des temps modernes et le double de ce que contient l'atmosphère actuellement», soulignent deux biologistes américains, Edward Schuur et Benjamin Abbott, dans un commentaire publié mercredi par la revue britannique Nature.


Selon ces scientifiques et une quarantaine d'experts internationaux du réseau Permafrost Carbon Network signataires de l'étude, ce chiffre représente «plus du triple» des estimations précédentes utilisées dans les modèles de changement climatique. La raison de cet écart est toute simple: on mesure habituellement le carbone au sein du premier mètre de sol en surface. Mais au fil des millénaires, l'alternance de gel et de dégel et la migration des sédiments ont produit un effet de «brassage» qui a enfoui le carbone du permafrost beaucoup plus profondément, expliquent ces experts.


Des scénarios à l'étude


Selon leurs calculs, la fonte du permafrost va relâcher dans l'atmosphère un volume de carbone équivalent à celui produit par la déforestation, si cette dernière se poursuit au rythme actuel. Mais ces émissions auront un impact sur le réchauffement climatique 2,5 fois plus élevé, car la fonte du permafrost produit non seulement du dioxyde de carbone (CO2) mais aussi du méthane (CH4), un gaz à effet de serre particulièrement redoutable.


L'impact potentiel du méthane sur le réchauffement est environ 25 supérieur à celui du CO2 à un horizon d'une centaine d'années, insistent les membres du réseau Permafrost Carbon Network. En fonction de différents scénarios retenus par le GIEC (Groupe d'experts sur l'évolution du climat), ils ont donc tenté d'évaluer la fonte du permafrost et les émissions de carbone qui en découleraient, obtenant selon eux des «résultats frappants». Si la température moyenne des zones arctiques augmentait de 2,5°C d'ici 2040 (par rapport à la moyenne de la période 1985-2004), le permafrost relâcherait 30 à 63 milliards de tonnes de carbone (CO2 et méthane confondus). Avec une augmentation de 7,5°C d'ici 2100, on passerait à une quantité de 232 à 380 milliards de tonnes. Une estimation «1,7 à 5,2 fois plus grande» que celles retenues par des études récentes sur la base de scénarios similaires, relèvent les auteurs.


Quel que soit le scénario de réchauffement retenu, l'essentiel du carbone émis dans l'atmosphère serait du CO2, le méthane ne représentant qu'environ 2,7% du total. «Néanmoins, le CH4 ayant un potentiel de réchauffement global plus élevé, il serait responsable de plus de la moitié du changement climatique induit par les émissions de carbone du permafrost», soulignent-ils.

 

 

 


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Pollution en Chine: à Pékin, un air de plus en plus irrespirable

Publié le par Gerome

L'asthme et les cancers du poumon touchent de plus en plus de Pékinois...


Officiellement, «la qualité de l'air s'améliore» à Pékin. Pourtant ces dernières semaines, des centaines de vols ont été annulés ou retardés, des autoroutes fermées et des habitants en détresse respiratoire ont afflué dans les hôpitaux. Des mois d'octobre et de novembre calamiteux avec une absence de vent ont relancé le débat sur la pollution qui préoccupe de plus en plus les 20 millions de Pékinois. Et aussi la polémique sur l'indice de qualité de l'air de la municipalité de Pékin qui s'entête à rester dans le vert quand celui de l'ambassade des Etats-Unis vire au rouge et qu'un simple coup d'oeil par la fenêtre peut calmer toute velléité de sortie.

 

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240.000 voitures supplémentaires arrivent cette année dans les rues


Fin octobre, les autorités de Pékin ont dû fermer six autoroutes et retarder ou annuler plus de 200 vols en raison de l'épais couvercle gris-jaune qui recouvrait la mégapole, l'une des capitales les plus polluées du monde. «Ces dernières années, la qualité de l'air à Pékin n'a cessé de s'améliorer», affirme pourtant à l'AFP Yu Jianhua, chargé de la pollution atmosphérique à la municipalité : «274 journées avec un air de bonne qualité en 2008» --année de gros efforts pour les jeux Olympiques—«285 en 2009 et 286 en 2010». Pékin, assure-t-il alors que l'air de la capitale semble irrespirable ce matin-là, s'est attaqué aux causes majeures de pollution: véhicules, chauffage domestique et centrales au charbon, usines et chantiers. «Nous avons réduit la combustion de charbon pour le chauffage et les usines, relevé les normes d'émission des véhicules et mis à la casse cette année 150.000 vieilles voitures», explique Yu Jianhua.


Ce que Yu Jianhua ne dit pas, c'est qu'à Pékin 240.000 voitures supplémentaires arrivent cette année dans les rues, où il en circule déjà cinq millions. Chez Greenpeace, Zhou Rong explique que «la pollution est bien plus préoccupante qu'à Shanghai ou Canton», parce que Pékin «n'est pas proche de la mer et reçoit très peu de pluies». De plus, ajoute Zhou Rong, «Pékin est encerclé de provinces qui brûlent énormément de charbon».


Le cancer du poumon a augmenté de 60% en dix ans


A l'hôpital Tongren de Pékin, le Dr Gu Haitong, chef adjoint du service de pneumologie, voit les patients se bousculer. D'habitude «je prends entre 20 et 30 personnes souffrant de problèmes respiratoires par demi-journée», dit-il à l'AFP, «mais depuis le mois dernier c'est entre 40 et 50». «L'asthme à Pékin est en hausse» constate le médecin. Le cancer du poumon a augmenté de 60% en dix ans pour devenir la première cause de mortalité dans la capitale, les effets de la pollution se greffant sur ceux du tabagisme.


Le gouvernement ne peut plus ignorer la mobilisation croissante des Chinois contre la pollution et le ministère de l'Environnement a commencé à sonder mi-novembre l'opinion publique. «Les normes en vigueur ne répondent plus aux exigences de la qualité de l'air. Il est donc nécessaire de les amender le plus tôt possible», reconnaît le ministère sur son site, tout en évoquant la date lointaine de 2016. Il s'agirait notamment de rendre publiques les concentrations de particules fines PM2,5 (d'un diamètre égal ou inférieur à 2,5 microns), et non plus comme aujourd'hui les particules PM10. Les PM2,5 peuvent pénétrer jusqu'aux alvéoles pulmonaires et migrer dans le sang.


Selon le quotidien China Daily, seulement 20% des villes chinoises auraient une qualité de l'air acceptable si ces particules étaient prises en compte, contre 80% actuellement. C'est justement cette mesure qu'utilise l'ambassade des Etats-Unis pour établir le niveau de pollution à Pékin. Et depuis plusieurs semaines, l'indice américain diffusé sur Twitter --qualifié de «sensationnaliste» par Pékin-- oscille entre «dangereux» et «très dangereux». Chez Greenpeace, Zhou Rong espère que le gouvernement «introduira les mesures de PM2,5 rapidement», car «2016, c'est trop tard». Mais «les gouvernements locaux vont perdre beaucoup de bons jours» et ils s'inquiètent de voir leurs performances baisser aux yeux de Pékin. Les provinces craignent aussi «de provoquer la panique» en publiant les chiffres réels de la pollution, ajoute Zhou Rong.

 

 


 

 


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